Erreurs médicales et omerta – Enquête du journal PAN

Dans son édition du 26 juillet 2023, le journal le PAN publie une page entière consacrée aux Erreurs Médicales. Cette enquête aurait pu être réalisée il y a 20 ans, voire plus. C’est dire que rien n’a vraiment changé depuis ce temps.

PAN, dans son titre, ajoute le mot « omerta », une maxime qui s’énonce « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette » ?

Peut-être. On peut se poser la question.

Il n’en demeure pas moins qu’essayer d’obtenir réparation s’apparente au combat de David contre Goliath.

C’est dans ce contexte que vos messages nous parviennent et nous n’avons pas vraiment de solution à vous proposer. Bien souvent, vous avez déjà tout essayé.

Il ne reste en général qu’un passage devant la Justice… si vos finances le permettent.

Journée de la santé du patient

À l’occasion de la (première) Journée de la santé du patient, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indique que des millions de personnes sont victimes tous les ans d’erreurs médicales. Chaque minute, 5 personnes décèdent des suites de ces erreurs ».

En Allemagne, pour l’année 2018, les experts des caisses maladie ont examiné 14.100 cas pouvant résulter d’erreurs médicales. 4.000 cas sont effectivement le fait d’une erreur médicale. Pour environ 2.800 cas, la faute a créé un dommage pour un tiers irréversible.

Ces chiffres ne sont que la partie visible de l’iceberg. Il n’existe pas de système de signalement d’erreurs médicales en Allemagne, comme dans la plupart des pays dans le monde d’ailleurs. Et c’est regrettable.

Mais le fait de s’intéresser à la question de l’erreur médicale est un premier pas – timide – dans le bon sens. La Belgique va-t-elle emboîter le pas ?

(Source Tagesschau.de)

Assurez-vous !

On ne le dira jamais assez : contractez une assurance ‘Assistance juridique’ qui vous couvre au cas où vous voudrez faire appel à la Justice dans le cadre d’une erreur médicale.

Nous recevons nombre de plaintes de victimes ou de parents, familles de victimes qui souhaiteraient obtenir réparation du préjudice. Pour cela, le passage par la case Justice est incontournable. Mais encore faut-il en avoir les moyens. Les frais d’avocat, d’experts sont pour beaucoup rédhibitoires. Seule une assurance pourrait rendre la chose possible. Mais voilà, il faut la prendre avant la survenue de l’évènement.

Pour ceux d’entre vous qui avez une assurance ‘familiale’, il existe peut-être une option qui couvre l’assistance juridique. Voyez avec votre assureur. Pour les autres, si vos ressources le permettent, assurez-vous !

L’accès à la Justice, c’est d’abord une question de moyens financiers.

58% de médecins impliqués dans un dossier d’erreur médicale !

58% de médecins impliqués dans un dossier d’erreur médicale !

Une enquête réalisée par l’ABSyM (syndicat de médecins) et Medi-Sphere (hebdomadaire du généraliste) sur un panel de 500 médecins indique que 58% (soit 290 médecins) ont déclaré avoir été impliqués dans un dossier d’erreur médicale.

La même enquête dégage deux orientations dans la gestion de l’erreur médicale, à savoir i) l’anonymisation des personnes et des lieux (57% des réponses) et ii) l’impunité (‘No shame No blame’, 40% des réponses).

La tendance est également à davantage de collégialité et de communication.

Enfin, pourrait être mis en place un système de notification auprès d’un groupe de travail composé de magistrats et de représentants du Conseil de l’Ordre qui se chargerait aussi d’anonymiser l’information.

Last but not least, les médecins pourraient être incités à participer à ce système en leur proposant en contrepartie … devinez … une réduction de la prime d’assurance et une prime de l’INAMI. Business is business.

D.é.s.o.l.a.n.t ; victimes, circulez, il n’y a rien à voir ! Nous réglons les problèmes entre nous.

Aucune avancée donc. Le stoemelings n’est pas prêt de disparaître.

Le Conseil de l’Ordre existe déjà. Que fait-il ? Se retrancher derrière le secret médical, le secret professionnel, n’est pas la solution. D’autres pays ont compris cela, le Canada par exemple.

Plus de collégialité entre les médecins, pour quoi faire ? Imaginons que la victime parvienne à faire déférer un médecin devant un tribunal, serait-ce alors pour défendre ses pairs avec la ritournelle bien connue : « Dans des conditions identiques, j’aurais agi de la même manière que mon collègue » ? Ce qui pourra justifier, au moins en partie, une suspension du prononcé.

Ce ne sera plus alors qu’un No shame (littéralement : pas de honte), No blame (pas de blâme), mais aussi, et surtout No penalty (pas de peine) !

Ce dont les victimes ont le plus besoin, c’est de la transparence, c’est de se retrouver face à un prestataire de soins de santé qui reconnaît son erreur et assume pleinement sa responsabilité.

Chères politiciennes, chers politiciens, quand allez-vous enfin nous entendre ?

Deux médecins et les Cliniques Saint Luc poursuivis suite au décès d’une jeune fille, Imane Jellal, 14 ans en 2011.

 

Deux médecins et les Cliniques Saint Luc poursuivis suite au décès d’une jeune fille, Imane Jellal, 14 ans en 2011.

L’information a été relayée le 06 nov. 2017 par différents journaux sur leur site Internet (La DH, 7sur7.be …) et nous fait penser à cette autre mort, dans des conditions très approchantes et aussi dramatiques, celle de Mélanie Cailliau décédée suite à des manquements graves et coupables du généraliste de Kraainem, Bernard Dupont (Cour d’appel de Bruxelles – 16/06/2009).

Dans les deux cas, les médecins, ne sachant pas évaluer l’état de santé de ces jeunes femmes, ont tout mis sur l’aspect psychologique, notamment une « certaine hystérie propre aux étudiantes à la veille de leurs examens ». Il semblerait que c’est ainsi que la médecine classe les étudiantes !

« Mais madame, elle a des douleurs, elle est pliée en deux.’ Apparemment on les dérangeait et on leur faisait perdre leur temps. Pour eux, elle jouait la comédie » rapportent les parents d’Imane.

Pour Mélanie, les symptômes étaient vomissement, douleurs dans le dos et le ventre, essoufflement, rétention d’eau, fatigue intense, faiblesse générale, perte de connaissance dans le cabinet avec une tension artérielle de 6.5, le généraliste dira : « Dans deux jours tu pourras t’oxygéner dans le parc » ou encore « tu es comme une Justine Hénin sur un court de tennis qui se dit qu’elle ne peut pas jouer » ou encore « mon fils en 7ème année de médecine avaient les mêmes symptômes » ou encore « quand cela ne va plus, certains partent pour quelques jours en Egypte » ! Mélanie décèdera dans la douleur quelques heures après avoir entendu ces paroles réconfortantes !

Imane quittera Saint-Luc en chaise roulante. Mélanie, ayant beaucoup de peine à marcher, quant à elle, quittera le cabinet du généraliste, soutenue par sa mère.

Mélanie mourra quelques heures après sa consultation au cabinet du généraliste qui l’aura renvoyée à la maison alors qu’elle était déjà en phase préterminale. Il aura rejeté la suggestion d’hospitalisation de Mélanie formulée par sa Maman. Mais, arrêtons là l’énumération de toutes ces tragiques similitudes.

Pour Imane, le malheur aura voulu que le monde médical, autour de Saint-Luc, de toute évidence ne semble pas avoir tiré de leçons des manquements de leur confrère exerçant à quelques centaines de mètres de leur hôpital.

La mort de Mélanie n’aura donc servi à rien et il y a fort à craindre qu’il en soit de même pour Imane.

La confiance en leur(s) médecins leur a été fatale.

(Les inculpés comparaîtront le 11 janvier prochain devant la chambre du conseil à Bruxelles – Les audiences sont réputées publiques …)

La météo de l’erreur médicale n’annonce aucune embellie.

 

La météo de l’erreur médicale n’annonce aucune embellie.

Un article paru récemment (octobre 2017) dans Moustique évoque la situation de la problématique de l’erreur médicale.
Immanquablement, on ne peut que s’intéresser au Fonds des Accidents Médicaux (FAM).

Quelques chiffres :
• Seuls 3% des victimes sont aujourd’hui reconnues et indemnisées par le FAM ;
• Un avis rendu dans les 6 mois, c’est ce que la loi prévoit. En fait, le délai est de l’ordre de trois, voire 4 ans.

Il y a aussi quelques chiffres concernant le nombre de victimes. Si l’on parlait de 20.000 victimes par an, dont 2.000 morts, l’article de Moustique parle maintenant de 20 à 60.000 victimes par an, dont 2.000 à 5.000 morts.

Madame la Ministre de la Santé devrait donc faire le constat de l’échec de la politique de sécurité en matière de soins de santé, politique dont le seul instrument a été la création du FAM. Un organisme chargé en principe de l’indemnisation des victimes qui de fait est prié maintenant ‘d’accorder plus d’attention au soutien des victimes et à la médiation’. Quelques mots d’empathie et circulez, il n’y a rien à voir.

Depuis des années, le refrain de la chanson est ‘dialogue’, ‘médiation’. Citons à ce propos cette maman d’un bébé victime d’erreur médicale : « Les médecins me parlaient avec l’arrogance de ceux qui s’adressent à des moins que rien ».
Et depuis des années, le nombre de morts augmente. Depuis des années, la route est plus sûre que nos hôpitaux (*).

Alors, sans volonté de responsabiliser les auteurs de ces erreurs médicales, pour ceux qui disposent de moyens financiers suffisants et de la nécessaire patience, on ne peut que leur recommander de s’adresser à la Justice quelle que soit l’issue. Pour les autres …

(*) 637 morts sur la route en 2016 avec une baisse de 13% par rapport à 2015.

De la Place Poelaert au SPF Santé, la manif pour tous ?

 

De la Place Poelaert au SPF Santé, la manif pour tous ?

Bruxelles aura donc vécu en ces jours d’octobre un soubresaut de victimes d’erreurs médicales. 400 manifestants, selon les organisateurs relayés par la presse, pour 20.000 victimes par an. C’est peu, mais c’est bien au regard de l’omerta qui entoure le phénomène.
Puisque nous sommes dans les chiffres, il a pu être noté que le chiffre de 2000 morts par an se transforme aujourd’hui en 2 à 4000 morts par an. Qu’en sera-t-il lors d’un prochain épisode ?

En attendant, cette descente dans la rue aura eu le mérite de tenter de sensibiliser l’opinion publique et d’essayer de peser sur nos chers politiques. C’est en effet à ces derniers d’agir dans l’intérêt des citoyens, tous potentiellement consommateurs de soins de santé. Ils ont droit à des soins de qualité dispensés par du personnel compétent, respectueux de l’individu, de l’être humain. Pour cela, il faut veiller à leur formation non seulement sur les bancs de la faculté de médecine, mais également tout au long de leur carrière. Cela se fait dans d’autres métiers, l’aéronautique par exemple.

Mais, la qualité des soins ne sera certainement pas obtenue par l’instauration d’un fichier de signalement anonyme des ‘évènements indésirables’ où les médecins devraient signaler toutes erreurs.

C’est devant la Justice que devrait être débattue la faute commise par un médecin. Faute qui devrait être sanctionnée par une indemnisation des victimes et d’une mesure d’interdiction d’exercer, temporaire ou définitive, seule issue permettant à l’État de veiller à la sécurité de la population.
Mais voilà, aller en Justice reste une chose délicate. Il y a en premier lieu la culture qui fait qu’aller ‘contre’ est encore décrié. Surtout pas de vague … L’autre aspect est économique. Un procès est cher, frais d’avocats, frais d’expertises, frais de Justice … et aucune garantie de succès. Beaucoup de victimes n’ont pas l’argent nécessaire. La Justice est la même pour tous, dit-on. De fait, il y a celle des riches et celle des pauvres.
Un vrai changement serait que les procureurs soient légalement dans l’obligation de reprendre à leur compte une plainte pour erreur médicale et que les frais du plaignant soient pris en compte par l’État, le cas échéant mis à la charge du condamné.

Un des reportages concernant cette manifestation faisait aussi mention du Fonds des Accidents Médicaux. Que l’on ne s’y trompe pas, il ne concerne que très peu de cas. Les critères de recevabilité sont drastiques. 25% d’invalidité, par exemple. Qui est concerné ?
Ce Fonds semble-t-il, n’est là que pour pouvoir dire ‘nous avons fait quelque chose’ ! La procédure est du type ‘no fault’, pas de fautif. 25% d’invalidité au moins, mais pas de fautif ! Il ; reste simplement un médecin qui ne sera pas inquiété et qui pourra continuer tranquillement à produire d’autres victimes.
Ce n’est pas la solution.

En attendant des jours meilleurs, des jours où la vie d’un patient sera aussi précieuse que la vie d’une victime de la route, des jours où l’on trouvera un financement de la sécurité médicale, les radars faisant l’affaire, dit-on, de la sécurité sur nos routes, continuons à utiliser les moyens de communication dont nous disposons maintenant pour dénoncer ce scandale des temps modernes.

Au fait, chers politiques, avez-vous pensé à ce que coûte l’erreur médicale au budget de l’INAMI ? Les potentielles économies à réaliser, séjours prolongés à l’hôpital, interventions médicales correctives, soins à long terme des victimes, ne sont-elles pas LE financement de mesures nécessaires pour le combat contre l’incompétence, le ‘j’m’en-foutisme’ et pourquoi pas l’erreur humaine.

Et avant de terminer cet exposé, une petite pensée pour le Conseil de l’Ordre des Médecins. A part collecter des cotisations permettant de se constituer un patrimoine assez remarquable, patrimoine qui pourrait être réinvesti dans la qualité des soins, que faites-vous pour lutter contre ce fléau ? Qu’en est-il de l’interdiction d’exercer pour les plus mauvais d’entre vous ? Les rapports économiques entre confrères sont-ils plus importants que la santé, la vie des patients ?

Ce ne sont que des questions, questions que se posent au moins les 20000 victimes et les familles des 2 à 4000 morts qui se rajoutent à celles existantes.

N’oublions pas, « Le silence tue, le silence fait le lit de tous les abus présents et à venir »

François GOFFIN – En quête de Justice

 

François GOFFIN – En quête de Justice

Vous vous souviendrez certainement de ce décès tragique en février 2007 de François Goffin, alors âgé de 21 ans.
À la suite d’un accident, il avait été admis aux Urgences de la Clinique Sainte Élisabeth à Namur. Sept jours plus tard, il y décédera des suites de défaillances plurisystémiques.

Les parents portèrent plainte pour absence de prise en charge par un médecin urgentiste et un médecin orthopédiste.

Une longue procédure s’en suivit jusqu’au rejet en Cassation de l’affaire ; une affaire sulfureuse dont vous pourrez avoir les détails sur le site internet ouvert à la mémoire de François Goffin.

Déterminés à obtenir Justice, les parents ne désespèrent pas et décident d’entamer une procédure en responsabilité médicale devant un tribunal civil. Cette action est dirigée contre l’orthopédiste A et l’urgentiste B ainsi que la clinique où leur fils François est décédé.

Ils saisissent le tribunal de première instance de Namur en janvier 2015. Un calendrier de procédure a été établi et l’affaire est fixée au 30 mai 2016 pour plaidoiries. Ils ont été déboutés !!!

Circulez, y a rien à voir !

Cette affaire illustre bien la difficulté pour les victimes directes ou collatérales d’erreurs médicales d’obtenir Justice quand ils ont à affronter un membre du corps médical. Le législateur a bien reconnu cet état de fait, mais a capitulé devant le lobby des médecins en créant le FAM (Fonds des Accidents Médicaux) qui permet de calmer les esprits en indemnisant les plus gravement touchés dans une procédure No-fault (pas de coupables!).

À revoir …

De l’importance d’une assistance juridique

De l’importance d’une assistance juridique

Trop souvent, les moyens financiers des victimes d’erreur médicale ne sont pas suffisants pour couvrir les frais d’une procédure en Justice. Il y a bien sûr les Bureaux d’Aide Juridique et le recours à un avocat pro deo …
AEM ne saurait que trop rappeler l’importance d’une assurance couvrant, au moins en partie, les frais d’avocats et de Justice.
Cette assurance d’assistance juridique est souvent proposée dans le cadre d’une souscription à une « assurance familiale ». Selon les assurances, les montants couverts sont très différents. Comparez les offres avant de souscrire.